Le parcours incroyable d’un monument du cinéma burkinabè, Gustave Sorgho
Né le 25 mars 1953 à Houndé au Burkina Faso, Dak Jean Gustave Sorgho mène d’abord une vie très éloignée des projecteurs. Enseignant, puis banquier, il semble promis à une carrière stable, classique, loin des plateaux de tournage.
Mais l’art dramatique le happe. Très tôt, il goûte aux plaisirs du théâtre radiophonique, puis de la scène, où il révèle un talent brut et magnétique. Peu à peu, il délaisse le confort de la vie bancaire pour s’abandonner entièrement à sa passion, le jeu d’acteur.
Formé sur le terrain, aux côtés de grands noms comme Sotigui Kouyaté, Gustave Sorgho apprend en observant, en répétant, en jouant. Et très vite, il se fait remarquer.
Parmi ses œuvres majeures, on peut citer :
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« Camp de Thiaroye » (1988) d’Ousmane Sembène — un film culte du cinéma africain.
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« Wendemi, l’enfant du bon Dieu », un drame poignant signé Pierre Yaméogo.
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« Si longue que soit la nuit », de Guy Désiré Yaméogo, dans lequel son interprétation est saluée par la critique.
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« Le Testament » d’Apolline Traoré, et « L’or des Younga » de Boubakar Diallo.
Chaque rôle confirme un peu plus son éclectisme, sa maîtrise du jeu, et son engagement total dans son art.
En 2020, lors des prestigieux Sotigui Awards à Ouagadougou, Gustave Sorgho est couronné du Sotigui d’honneur. Une distinction qui salue l’ensemble de sa carrière, son professionnalisme, et sa contribution immense au cinéma africain.
Il est aujourd’hui vu comme une légende vivante au Burkina Faso, souvent affectueusement surnommé “Tonton Gaoussou” ou “Sidiki” par ses fans.
Mais Gustave Sorgho ne se contente pas d’être acteur. Il est aussi un penseur, un critique, un homme qui réfléchit à l’avenir du cinéma africain. Pour lui, il faut revaloriser la formation, encourager la rigueur, et élever le niveau d’exigence artistique.
« Notre cinéma a besoin d’une profonde remise en cause pour retrouver sa lettre de noblesse », dit-il dans une interview.
« Un acteur doit lire, se former, se remettre en question. Il ne suffit pas d’avoir du talent, il faut le travailler. »
Son message est clair : l’excellence est un choix, et la passion doit toujours être nourrie par le travail.
À plus de 70 ans, Gustave Sorgho continue d’inspirer toute une génération de comédiens africains. Il est la preuve vivante que changer de cap n’est jamais trop tard, que suivre ses rêves peut mener très loin, et que le cinéma africain regorge de trésors humains encore trop peu connus du grand public.