Testament : Découvrez tous les détails de cette série burkinabé

Le Testament, écrit et réalisée par Apolline Traoré, diffusée sur la RTB (Radiodiffusion Télévision du Burkina) en 37 épisodes n’excédant pas 25 minutes, c’est l’histoire d’une famille burkinabé de Ouagadougou qui se démène pour remplir les exigeantes conditions édictées dans ses dernières volontés par le père défunt et toucher leur part d’héritage.


Sidiki Kam, le patriarche (joué par Gustave Sorgho) vient de construire la maison de ses rêves, pour y loger toute sa famille, lorsqu’il apprend qu’il est atteint d’un cancer à un stade avancé. Devant l’imminence de son décès, il rédige son testament et veut imposer à son épouse Rahmatou (Salimata Ouédraogo) la présence dans leur logis d’Irène, sa maîtresse (Aïssey Laty Traoré) et de sa fille, une jeune adolescente nommée Lili (Ornella Nacro). La cohabitation entre les deux femmes est d’emblée houleuse. Très vite survient la mort inopinée de Sidiki. Peu avant, ce dernier a remis en secret des lettres à Lili la toute dernière des enfants de Sidiki, une enfant qu’il affectionne tout particulièrement, missives ne devant être décachetées qu’après son décès. La famille éplorée est convoquée par maître Benoît, leur notaire (Célestin Zongo).


Sidiki a été bien précis sur les termes du testament.
Les futurs héritiers ne doivent en aucun cas quitter la maison familiale sous peine d’être exclus de la succession. Pour pouvoir toucher 100 millions de francs CFA, Rahmatou et Irène doivent chacune créer un commerce prospère. Si l’une d’elle échoue et fait faillite, l’autre récupère sa part d’héritage. Les enfants de Rahmatou doivent aussi se plier à des directives détaillées.
Raphaël de son vrai nom Issa Kadiyogo, l’aînée, doit se marié a une villageoise et avoir un enfant dès sa première année de mariage. Ayaan (Mariam Ouédraogo) doit s’engager dans l’armée et d’atteindre le grade de lieutenant; Tijan (Dieudonné Marie Simporé) doit suivre une enseignement d’apothicaire et ouvrir une officine de pharmacopée traditionnelle. Lili est assignée au rôle d’observatrice, elle est chargée d’évaluer les progrès de la famille dans leurs missions respectives. Elle héritera à sa majorité (21 ans) de 75 millions de francs CFA, somme également promise aux autres enfants de la lignée.


Vite, on se rend compte que la maison de Sidiki Kam est un nid de vipères. Tous les membres de la famille sont enclins au mensonge, à la manipulation et aux activités délictueuses. Après Lili qui est la seul honnête et franche, elle représente la pureté et l’innocence de la jeunesse. Lili se lie d’amitié avec une marginale, surnommée « la folle » (Hazéra Doga), une dame au passé mystérieux qui, lorsque la petite vient la consulter dans son abri de fortune, s’exprime par phrases sibyllines et entonne des mélopées incohérentes.
Raphaël est un garçon plutôt paresseux, qui peine à avoir un emploi stable. Il est recruté comme employé dans le secteur bancaire, milieu où il fait la connaissance de personnages douteux, comme Arafate, un homme d’affaires magouilleur qui le pousse à effectuer des détournements d’argent. Guère étouffé par les scrupules et d’un tempérament assez crédule, Raphaël semble aisément manipulable et prompt à s’attirer des ennuis.
L’épouse choisie par Raphaël, Nafissah (Fatoumata Zongo), issue d’une famille campagnarde modeste, se révèle vite être une vraie peste. Apprenant que son mari ne l’a épousée qu’en vue de toucher l’héritage, elle devient odieuse avec lui, lui imposant de lui offrir des cadeaux exorbitants en échange de ses faveurs sexuelles. Elle finit par tomber enceinte, tout en dissimulant à son époux que l’enfant n’est pas de lui, mais de son amant Ali.


Tijan, de son côté, a bien du mal à s’intéresser à ses études de pharmacien et à l’enseignement pointilleux de maître Moussa qui le somme de connaître sur le bout des doigts les plantes médicinales. Il a une idylle avec la fille de ce dernier, Soraya. Fugueuse, celle-ci sera hébergée secrètement par Tijan dans la demeure familiale, situation rendue encore plus compliquée par la grossesse non désirée de Soraya.
Tijan joue un personnage assez négatif tout au long de la série, en plus d’être peu courageux, il multiplie les infidélités envers Soraya et s’avère à plusieurs reprises irrésolu et irresponsable. Pire, il participe à un complot avec sa fratrie pour éliminer Lili, à qui aucune turpitude familiale n’échappe, en dérobant une potion létale à l’échoppe de Moussa pour la lui administrer (heureusement, la tentative d’assassinat n’aboutit pas).


Ayaan s’engage dans l’armée et suit une formation dure. Elle doit à contrecœur raser ses cheveux et par conséquent porte une perruque dans la vie civile. Elle intrigue sans cesse pour obtenir de l’avancement, obtenant ses galons en couchant avec ses supérieurs hiérarchiques, voire en les faisant chanter. C’est une jeune femme dénuée de morale et de compassion pour ses semblables. Mais dans la série, elle devient aussi une victime, devant supporter les brutalités de son amoureux Bouba, un individu impulsif et très jaloux.


Ayaan joue le personnage qui bénéficie de plus d’attention dans la série, où elle est mêlée à des intrigues variées, allant de la franche comédie au drame le plus sordide. Il est intéressant de suivre l’évolution de sa mentalité et de ses aspirations professionnelles, d’autant plus que le scénario réserve une surprise de taille concernant ses liens avec un haut gradé. Malgré ses nombreux défauts, c’est un des protagonistes les plus attachants du feuilleton.
La relation conflictuelle entre Irène et Rahmatou fait l’objet de longs développements. En particulier, les deux femmes sont en concurrence directe sur le plan commercial, pour faire fructifier leurs échoppes respectives. Entre elles se multiplient les coups bas et machinations tortueuses pour couler le business de leur rivale. Irène, pour nier à Rahmatou ses droits à l’héritage, ira jusqu’à falsifier des documents officiels. De toute la série, c’est sans doute le personnage le plus antipathique et le moins ambigu.


En effet, la série » Le Testament » est une faible morale, une histoire de rédemption. Les protagonistes, confrontés à l’adversité, évoluent et finissent par se bonifier et abandonner leurs machinations puériles pour donner un sens positif à leurs vies. La conclusion est résolument optimiste: par les épreuves qu’il a imposé à sa famille, le patriarche Sidiki leur a fait emprunter, peut-être sans le vouloir, une voie initiatique qui a fini par changer pour le mieux leur philosophie de vie. Même si elle s’égare parfois dans des intrigues secondaires inutiles, la série d’Apolline Traoré est en définitive une intéressante découverte. La cinéaste (qui a récemment renoué avec les séries en réalisant Eh les hommes! eh les femmes!) porte un regard sans concessions sur ses contemporains dans ce conte moral révélateur des petites et grandes bassesses des êtres humains (sans leur nier toutefois la possibilité de se racheter).

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